Vendredi 25 mars. Décollage pour le Costa Rica. Dom et moi venons tout juste de basculer vers un âge désormais plus proche de la quarantaine. On se paye un cadeau à la hauteur. Direction l’Amérique centrale. C’est dans le terminal 2E de Roissy récemment rénové pour cause d’effondrement que nous patientons pour un premier vol pour le Panama. La passagère se signe de la croix au moment du décollage. Tout se passera bien. On va pouvoir se déconnecter un temps de la vie parisienne.
Après une escale rapidement expédiée dû à un léger retard, nous arrivons dans la capitale San José où une fouille ciblée nous attend. Contrôle des papiers, détecteurs de traces de cocaïne et autres fruits à coques sur la personne de Domenico « El Chapo » Emmanual. La première nuit sera courte. Nous commençons notre lune de miel dans un bon lit deux places.
La première partie du voyage se déroule sur la péninsule de Osa située au sud-ouest du pays. Pour s’y rendre, on garde le même moyen de transport mais on change de catégorie. La pesée des passagers à l’enregistrement laisse présager une traversée dans un avion de haute voltige. Une hélice, douze places dans cabine non pressurisée et de bonnes sensations à basse altitude.
Bienvenidos a Puerto Jimenez. Ces mots avenants sont étonnamment placardés sur le mur d’enceinte du cimetière jouxtant la piste d’atterissage. A la descente, que calor! 41 degrés et une température qui semble grimper d’année en année comme semble s’en inquiéter Mark, notre hôte américain installé ici depuis 22 ans. Pas cons, on attend le pic de chaleur pour aller visiter le coin en vélo. Notre première rencontre avec la vie sauvage du pays se déroule face à un groupe de capucins à tête blanche bien actifs pour certains et un peu moins pour d’autres.
On se dirige vers la playa Preciosa située à 5km de la ville. Sous ce cagnard, on cuit littéralement et ce n’est pas l’océan qui viendra nous rafraîchir. On ne croit pas s’être jamais baignés dans une eau aussi chaude. On remet ça le lendemain au petit matin. Après s’être logiquement mis de la crème solaire dès 6h30, on part chiller dans les eaux calmes du Golfe Dulce. Activement posés en position de la planche, un vol majestueux d’un couple fidèle de aras rouges vient nous extraire de notre torpeur.
Il est temps d’entrer dans le vif du sujet et de rejoindre le parc national du Corcovado abritant près de 2.5% de la biodiversité mondiale. On prend la route dans un bus collectif pour rejoindre Carate située plus au sud. Deux heures sur une piste cahoteuse et à l’arrivée un spectacle incroyable. Une longue plage de sable gris comprimée entre les rouleaux de l’océan pacifique et la jungle qui la borde. Une eau de coco fraîche ingurgitée et nous voilà requinquer pour rejoindre un ecolodge à La Leona, point de départ de notre trek dans le parc.
L’endroit est royal. Impérial même. Du nom de la bière locale qui est aussi impériale que la Kro mais qui a la vertu d’être une vraie boisson de soif sous cette chaleur étouffante.
La journée se conclut tranquillement par un Cuba libre à base de rhum du Nicaragua. Un iguane apathique venu lézarder au crépuscule vient symboliser la quiétude des lieux, se laissant étonnamment aller à recevoir le reflux des vagues sans sourciller.
Nous sommes le lundi de Pâques. Réveil aux aurores. En attente du départ pour la marche, deux dauphins se débattent au loin. A côté de nous, l’insaisissable colibri vient butiner les hibiscus rouges du jardin de cet ecolodge planté au milieu de nulle part.
Le trek commence en compagnie de Jim, jeune étudiant spécialisé dans les insectes et les papillons. La marche se déroule dans une forêt secondaire car déjà exploitée une première fois par l’homme pour l’or qui se trouvait présent dans la région. Des traces de l’activité humaine subsistent encore mais se dégradent et se fondent petit à petit dans le paysage naturel.
Un grand nombre d’animaux se met en scène ce jour-là. Le supposé très rare écureuil Alparrot du nom du grand-père botaniste de notre guide se laisse entrevoir à travailler ses chicots. Le singe-araignée, plus grand singe du Costa Rica, est la seconde espèce de primate que nous observons. L’absence de pouce, la présence de huits doigts au total et des positions aux formes arachnéennes lui confèrent ce nom scientifique particulièrement technique.
Vient ensuite le fourmilier, pas farouche, qui ne prête guère attention à notre présence et semble ne se soucier que de sa dégustation de termites.
Les chauve-souris nocturnes dorment à l’abri de feuilles de palmiers éparses en forme de parasol. Elles ne s’éloignent jamais très loin de leur habitat et s’y retrouvent chaque matin.
En plus des coatis déjà observés aux gigantesques chutes d’Iguazu, le clou du spectacle arrive avec l’observation du tapir tapis au milieu d’une eau saumâtre afin de se protéger de la fournaise. Une dernière détente dans une rivière fraîche en compagnie de aras qui rient au-dessus de nos têtes et nous voilà rentrés au bercail.
Pour notre dernier jour sur la péninsule, nous partons rejoindre Marcelo, un guide spécialiste des amphibiens et des serpents. Nous rejoignons le village La Tarde en 4*4 et essuyons ce qui seront les seules et uniques 10 minutes de pluie de notre voyage. A l’arrivée, un jeune léopard des montagnes squatte gentiment les lieux et saoule un peu son monde.
Ce second trek se déroule cette fois-ci dans la forêt primaire (ou forêt vierge) et d’autres espèces font alors surface en cette fin de journée. Marcelo a l’oeil pour repérer trois des quatres espèces de grenouilles vénéneuses du Corcovado, un serpent, des iguanes (dont le jesus-christ qui marche sur l’eau) sans compter la myriade d’oiseaux du coin dont un Toucan brassant fortement l’air au-dessus de nos têtes.
Il nous apprend à se servir de nos oreilles pour capter de nouvelles fréquences et s’apercevoir concrètement du fourmillement de vie qui existe dans la jungle. Cette journée dans la forêt primaire nous permet également d’éviter le soleil car on est déjà bien roses comme des saumons. On préfère se garder une marge avant d’attaquer le mélanome. La première partie de nos vacances s’achève. Nous allons reprendre un vol pour San Jose où nous attend une voiture de location.
En attendant, nous terminons une dernière soirée au mythique restaurant Il Giardino à consommer litres de Chardonnay et Spaghetti à la vongole sur une table de lovers face à l’océan. Histoire de commencer à ressentir les bienfaits de la Pura Vida…