Après cet émouvant départ, on rejoint l’île de Malenge et le mythique resort Bahia Tomini qui nous faisait rêver avant notre voyage. Étrangement, nous avons du mal à être heureux en arrivant. Une certaine tristesse nous imprègne d’avoir laissé derrière nous un groupe aussi incroyable et que nous ne reverrons jamais.
On s’installe dans notre bungalow de dingue les pieds dans l’eau, les requins à pointe noire et les raies à points bleus s’activant juste en dessous. La tristesse devrait se dissiper dans peu de temps..
On rencontre ici Romane et Tanguy, un couple très cool de jeunes marseillais ayant passé plus d’une année en Australie et désormais sur le chemin du retour en France, s’accordant une parenthèse de voyage à cette occasion.
Kiké et Eva, les propriétaires un peu paternalistes mais très sympas qui protègent au mieux leur environnement nous concoctent, avec leur équipe (dont le sympathique Akbar et le souriant Papa Poutry) des plats de très bonne facture (avec l’accent du sud c’est toujours mieux) comme ces burgers végé à la mozza di buffala ou cette série de pizzas variées cuites au feu de bois.
Le premier jour, on visite des villages Bajau jusqu’au ponton fait de bois et de broc menant au village sur pilotis de Pulau Papan.
On est tellement à des années-lumière de nos vies. Les îles Togian sont très peu développées et apparaissent difficilement constructibles. L’idée pour Kiké et Eva d’avoir déposé leurs valises il y a neuf ans dans cette région du Sulawesi nous dépassent quelque peu.
Sous le ponton du village, le snorkelling y est incroyable. Des gorgones rouges, oranges, roses et blanches et du corail rouge et mou nous renvoient aux créatures de la série The Last of Us. Même si certaines sont en revanche plus mignonnes comme le mini pipefish de la famille des hippocampes que l’on rencontre à plusieurs reprises.
En fin de journée, un petit rituel s’installe avec le dîner des requins et de la murène et quelques Bintang partagées avec les quatre seuls autres voyageurs.
Seules ombres au tableau, seules petites ombres volatiles au tableau : les moustiques et les sandflies. On se mange des piqûres par dizaines qui démangent terriblement. Le répulsif acheté en France marche très peu. L’huile de citronnelle est plus efficace. Et le port de chaussettes, qui n’est pas la tenue rêvée sur une plage de sable blanc, s’avère en revanche salvateur contre ces saloperies et confortable pour le snorkelling en palmes.
Ajouté à cela le petit traumatisme subi par No dans la salle de bain et sa rencontre avec une araignée inoffensive, certes, mais bien flippante, nous rappelle qu’il n’y a pas de définition parfaite et évidente du paradis.
La faune est ici différente de celle de Pulau Una Una. Entre autres, des Bernard l’hermite par dizaines, des crabes, des aigles pour ce que nous pouvons voir.
On s’essaie à une ballade dans la jungle pour essayer d’apercevoir des macaques noirs à crête mais la tentative en plein cagnard se solde par un échec et une transpiration excessive. On retourne très rapidement à notre snorkelling dans la baie. Et ici, sur cinq jours, c’est ce que nous pratiquons le plus.
Chaque matin, la même routine difficile s’installe. Dans une eau ultra chaude plus proche du jacuzzi que de l’expérience Wimhof, on embarque pour un snorkelling incroyable et découvrons les récifs 1,2 et 5 dont certaines parties portent les séquelles de pêches à la dynamite.
Comme le dit si bien Nolwenn, on passe nos vacances à regarder des poissons. Et l’appréciation d’un récif se fait à plusieurs niveaux. Le moment de la journée, la lumière, la visibilité, la température de l’eau, le courant, les espèces rencontrées, les tombants, la sensation personnelle et le partage avec les autres.
On finit par une dernière soirée jeux de cartes avec Romane, Tanguy, Oli et Milena, arrosée d’un peu de Bintang et d’Arak.
Demain direction Bomba, en espérant que la zone porte bien son nom. On n’a pas trop d’inquiétude, sauf celle de redéguster quelques piqûres..