En difficulté dans la région de Salta

Après un trajet de jour, obligatoire pour passer la frontière, nous débarquons désormais dans le Nord-Ouest argentin. À l’arrivée dans la ville de Salta, une pluie abondante se déverse alors que nous ne sommes qu’à quelques heures du désert le plus aride au monde.

Le trajet a été long. Le temps de découvrir l’ambiance plus européenne de la ville et des spécialités culinaires comme les empanadas (chaussons à base de viande) ou le tamales (boule de maïs à la viande et aux légumes), nous partons pour une nuit bien méritée… et vite écourtée par une agréable sensation nauséeuse.

Marie a heureusement été épargnée. A chacun sa croix. Ce qui ne semblait être au départ qu’une fidèle gastro s’est avérée en fait être une intoxication alimentaire due à ce bon vieux tamales. Une première journée violente à quasiment s’évanouir de plaisir et quatre jours cloués au lit avant de finalement retrouver des couleurs grâce à deux belles injections au fessier. Comment imaginer qu’un truc pareil serait arrivé en Argentine alors que nous avons passé cinq mois en Asie à sucer des glaçons quasiment tous les jours. Ajoutons à cela le bonheur de vivre ces moments dans les toilettes partagées de l’hôtel.

Cette convalescence non préméditée est cependant l’occasion d’échanger au marché noir une partie de nos dollars contre des pesos argentins à un taux exceptionnel de 9,7 pesos pour 1 dollar (au lieu de 5,9 pesos) soit un pouvoir d’achat augmenté de 64% par rapport à la normale.

Depuis la crise qui les a frappé en 2001, les argentins n’ont plus confiance en leur monnaie fluctuante et sont donc prêt à payer au prix fort une monnaie forte leur assurant un avenir. Et étant donné la queue devant les distributeurs, on comprend qu’il y ait quelques problèmes de ce point de vue là.

Plus ou moins revigorés par cette longue pause, avec l’envie de retrouver l’air libre et une météo radieuse, nous louons une voiture pour explorer une partie de la région de Salta. Notre premier arrêt nous amène dans la ville de Purmamarca située au pied de la colline aux 7 couleurs. Entraperçues lors de notre venue du Chili, ces formations colorées prennent toute leur mesure sous le soleil tapageur.

De retour au parking, nous constatons avec joie que la voiture a été forcée et que nos deux sacs ont été dérobés. Nous aurions du nous méfier de la bagnole aux 5 connards garée juste derrière nous. Adieu les vêtements, l’ordinateur (et toutes nos vidéos depuis les States), la Go Pro, le disque dur, l’appareil photo, toutes les connectiques, nos trois mascottes, la tente, les matelas gonflables, le livre des copaings, quelques souvenirs, la trousse de toilette et les médicaments. Avec un élan de générosité, la bande à Pablo nous a tout de même laissé nos vestes et nos duvets. C’est certainement leur façon de nous souhaiter Bienvenidos en Argentina ! Heureusement, nous avions gardé avec nous les papiers, les cartes de crédit, l’éventail de dollars et de pesos ainsi que l’iPod.

Le temps de déclarer le vol aux flics sans grand espoir de retrouver une carcasse de sac, nous repartons, un peu assommés et délestés de tous nos plus beaux slips, vers le nord de la région à travers des paysages andins communs à l’Argentine, au Chili et à la Bolivie.

Arrivés dans la ville de Humahuaca, on se remonte le moral à deux reprises en compagnie de Florent et de Geoffroy lors d’apéros prolongés revivifiants.

A ce titre, un grand remerciement à Geoffroy qui a eu la décence d’offrir le plus cadeau que l’on puisse faire à un homme : un caleçon. Ample et souple, il complète une garde-robe largement réduite par les circonstances.

Le retour sur Salta sera l’occasion de refaire quelques emplettes. D’ici là, nous partons profiter de points de vue sur les montagnes stratifiées incroyablement colorées de la Quebrada de Humahuaca inscrite au patrimoine mondial pour le plus grand plaisir des yeux.

Nous avons la chance que la vie sur place soit finalement bien moins chère que prévue. Alors que nous avions envisagé la disparition rapide de l’éventail dollarisé, celui-ci va nous permettre de respirer pendant un bon moment. Finalement, on terminera le voyage avec un sac de sport pour deux rempli de fringues de la concurrence argentine de Tati.

Nous n’avons rien trouvé de plus cheap. Une panoplie complète (un pantalon, trois caleçons, trois paires de chaussettes et un tee-shirt chacun pour apprendre à voyager ultra-light) nous coûte pratiquement le même prix que ce mythique Bife de Chorizo dégusté à deux et accompagné de sa succulente purée maison.

Afin de boucler la boucle, on retrouve la chambre d’hôtel qui nous a accompagné dans notre malheur du début. On digère comme on peut ces quelques jours passés qui n’ont pas été évidents. Il y a des moments moins faciles dans un voyage. Ceux-là se situent tranquillement sur le podium des emmerdements. On retrouve heureusement du baume au cœur en allant visiter le sud de la région aux alentours de Cafayate. Importante région vinicole du pays, elle présente également des paysages rappelant (une nouvelle fois !) ceux des États-Unis.

Et d’ailleurs, un peu à la manière d’un de leurs parcs nationaux, on traverse le condensé américain de la Quebrada de las Conchas, chaine de montagnes présentant des couleurs similaires à la Monument Valley et des formes rappelant celles du Grand Canyon, de Bryce Canyon et de Arches.

Au petit matin, on découvre également les ruines précolombiennes de Quilmes construites à flanc de colline au milieu d’un parterre de cactus candélabres centenaires complétant ainsi cette atmosphère de western.

On s’autorise un retour express pour un dernier gavage de viande savoureuse avant de déposer la voiture à l’aéroport. Un moyen de transport plus rapide nous attend maintenant. Direction la frontière brésilienne !