Et c’est reparti pour une session aérienne. Nous quittons le monde magique des Galápagos et reprenons un vol pour Quito, la capitale de l’Equateur, redécollons dans la foulée pour Lima, la capitale du Pérou, y attendons un nouveau vol de nuit pour Santiago, la capitale du Chili, où un dernier vol nous mène enfin vers la destination du bout du monde : l’île de Pâques.
Au total, huit vols, soit la moitié des vols prévus pour notre voyage, ont été alloués pour rejoindre ces îles lointaines et ces deux mondes à part que sont les Galápagos et l’île de Pâques. C’était un rêve respectif pour nous deux et le moment ou jamais de le réaliser.
Nous sommes donc arrivés sur Rapa Nui (son nom traditionnel), cette terre perdue au milieu du Pacifique, isolée au possible et éloignée de toute civilisation (l’île la plus proche se trouve à 2 000 km). Nous n’y restons que cinq jours, le temps d’attendre un nouveau vol retour pour Santiago. Une durée amplement suffisante pour découvrir cette île finalement très petite par la taille mais grande par les mystères et les légendes qui l’entourent.
Étant donné les prix du logement pratiqués à Hanga Roa, le seul village, on défait une nouvelle fois la tente pour notre plus grand plaisir sur un emplacement sympa face à l’océan.
Le premier jour, on s’alloue les services d’un guide français de façon à en connaître le maximum sur l’archéologie et l’histoire de ces fameuses statues dénommées moaï. Nous commençons le tour par l’un des plus beaux endroits de l’île : Anakena, la seule plage bordée des seuls cocotiers, gardée par les moaï les mieux conservés.
Un décor magique pour ces statues coiffés de leur pukao (ce grand chapeau en pierre rouge volcanique), le regard tourné vers les terres, s’alignant fièrement sur l’ahu (ou plate-forme cérémoniel) qui leur est dédié.
Ces statues ont été conservées sous une dune de sable avant d’être déterrées et réhabilitées sur leur socle. L’érosion ne les a pas trop endommagée. Les traits du visage sont restés fins, les orbites oculaires distinctes, les grandes oreilles toujours dessinées et leurs grandes mains longilignes, contrastantes étrangement avec leur imposante stature, demeurées intactes.
Aucune des statues de l’île, reposant sur un ahu, n’est restée debout pendant tout ce temps. Toutes celles que nous voyons ont été remises sur pieds lors de travaux archéologiques. A Anakena trône d’ailleurs une autre statue isolée, redressée par une équipe de chercheurs étayant au passage la théorie des petits cailloux pour parvenir à la replacer à la verticale (une nouvelle pierre était ajoutée comme support à chaque étape du redressage).
Une technique qui n’a pas été reproduite sur le site remarquable des quinze statues de Tongariki, remises également sur pieds grâce à l’investissement d’une société japonaise et à l’utilisation probable d’une bonne grue Caterpillar, tout de même plus pratique.
Beaucoup de théories ont été définies concernant le transport de ces statues extrêmement lourdes (75 tonnes pour une statue de 10 mètres), sur les origines de la civilisation responsable de cette oeuvre titanesque (polynésienne ou andine) ainsi que sur le déclin et la fin de cette culture ancestrale.
Sans écrits (ou plutôt avec une série de signes rongo rongo non déchiffrés à ce jour), les thèses officielles se sont basées essentiellement sur la tradition orale du peuple de l’île, que l’on peut deviner bancales étant donné les légendes qui ont du être ajoutées et les informations perdues ou tronquées au cours du temps.
Beaucoup d’idées ont été arrêtées sur le sujet et exposées au musée de l’île. Des théories validées n’ont jamais été mises en pratique. Des archéologues indépendants aux théories différentes n’ont pas obtenu d’habilitation pour leurs travaux de recherche. A contre courant des théories officielles, ce nouveau son de cloche n’est pas autorisé (la même chose se passe pour l’égyptologie). Et une grande majorité des sites n’a même pas été fouillé. Il est difficile de ne pas se mélanger entre tout ce qui est dit. Mais quoi qu’il en soit, le gros de l’histoire reste un mystère.
On sait que des statues étaient encore debout en 1838 (d’après le journal d’un navigateur). Des guerres tribales, des phénomènes naturels (l’île n’est pas à l’abri d’un tsunami) ou une réorganisation des sites ont pu en être à l’origine de ces moaï face contre terre.
Le manque de bois a été avancé pour expliquer le déclin de cette civilisation qui aurait gaspillé ses ressources pour le transport des statues. Les rats, ramenés par bateaux, auraient pu également décimé les palmiers en rendant les graines stériles. Mais l’hypothèse d’une épidémie de gastro n’est pas non plus à négliger.
Aujourd’hui, cette civilisation a été définie comme étant d’origine polynésienne. On trouve pourtant des assemblages de pierres de style inca particulièrement surprenants. Ce même puzzle sur des roches bombées et énormes se retrouve à Tiwanaku en Bolivie ou au Pérou, dans la région de Cuzco, sur le site de Sacsayhuamán, non loin du Macchu Picchu.
On en apprend sur l’histoire mais toute la magie de l’île s’opère lorsque nous découvrons ces sites à différentes heures de la journée et sous différentes lumières. Comme ce coucher de soleil sur le site de l’ahu Tahai et ses cinq statues qui ne sont plus toutes en pleine forme.
A travers l’île, les moaï semblent provenir de différentes époques. Même si on ne peut pas dater la taille de la pierre, on constate des différences flagrantes dans leur allure et leurs traits.
On se loue un scooter pour le reste du séjour et découvrons le site phare de la carrière de Rano Raraku, le volcan qui servit de matière à l’élaboration de toutes les statues de l’île. Nombres d’entre elles gisent plantées dans le sol. Certaines seraient imbriqués dans des fosses creusés dans la roche, ce qui contredit l’idée officielle du transport systématique vers une plate-forme de cérémonie. D’ailleurs, le mastodonte encore ancré dans le volcan (22m pour 200 tonnes) aurait été compliqué à déplacer (en haut à droite)
La plupart du temps, quand il n’y a pas deux ou trois pèlerins se battant en duel, il arrive que nous soyons seuls sur ces sites mythiques. Un luxe dans le tourisme mondial pour un endroit aussi connu mais finalement tellement isolé. Sur l’île, des hordes de chevaux vivent en liberté. L’espace de quelques instants, nous devenons alors leur seule compagnie, en particulier au milieu du cratère de la carrière, où une quinzaine de statues éparpillées montent encore la garde.
On découvre également des sites plus perdus comme cette surprenante grotte ouverte sur l’océan qui semble avoir été taillée pour notre pomme.
Au fur et à mesure, il semble que le culte des ancêtres symbolisé à travers les moaï ait été abandonné au profit du culte de l’homme-oiseau. Un serviteur, au péril de sa vie, allait affronter les falaises et les courants afin de rapporter un œuf de frégate à son chef qui obtenait alors ce titre. On n’a pas ramené d’œuf ce jour-là mais il semble tout de même nous pousser des ailes au-dessus de la caldeira éméchée et parsemée d’îlots de ce volcan Rano Kau.
Sur l’île règne un parfum assez fort et spécial de mauvaises herbes qui lui donne un charme particulier. Entre les parfums de cette terre, l’ambiance polynésienne du village (musique et compet´ de surf) et les bons ceviche de thon cru au citron vert, notre séjour ici est aux petits oignons.
Mais malheureusement, il s’achève. Nous fêtons le dernier soir sur l’île en compagnie de Lisa, la patronne sympa de la taverne des pêcheurs, de Patrice le navigateur et de l’exceptionnel Francis qui nous aura nourri en fou-rires plus que de raison.
Cinq jours qui auront été sans anicroches ou presque. Une poignée d’heures avant de reprendre l’avion pour le continent, Marie effectue, tout en finesse, une sortie fracassante dans une porte vitrée de l’accueil du camping qui se brise en mille morceaux dans un fracas épouvantable. La main droite et le genou gauche ont mangé sur ce coup-là. Heureusement, rien de grave mais un détour par les urgences s’impose. Le quasi-seul pantalon qui lui restait est découpé afin de soigner et de suturer les entailles présentes à plusieurs endroits. Heureusement, elle n’est pas passée à travers la vitre, aucune coupure profonde n’est à déplorer et elle portait ses chaussures (non autorisées à cet endroit). Et surtout, pas de coupures au visage mais, par contre, il fallait voir la tête de la vitre.
Marie recousue, nous voilà ultra-limite pour reprendre l’avion. Sortis de l’hôpital, c’est la course. On prend un taxi pour récupérer nos bagages restés au camping. Au niveau de l’aéroport, Marie descend en cours de route pour courir (à cloche pied) expliquer notre situation. De grande justesse (et même plus), le personnel comprend et accepte finalement de nous enregistrer. C’est bon, on peut repartir…
En tout cas, les gens ont été adorables avec elle. Depuis les personnes du camping jusqu’au personnel des aéroports. On remercie particulièrement Murvin et Chloé, un couple de français rencontré sur l’île qui nous a aidé à passer cette épreuve. On vous souhaite un bon voyage !
Nous reprenons l’avion pour Santiago, et, comme si cela ne suffisait pas, attendons un nouveau vol pour La Paz. Nous commençons notre trip sur le continent sud-américain. Prochaine étape : La Bolivie (avec une patte en moins)
Avant de partir, on s’est quand même forgés une théorie sur l’île de Pâques. Il semble évident que les hommes à l’origine de ce mystère, soient les ancêtres des extraterrestres ayant fomentés le coup du 11 septembre, eux-mêmes proches cousins de Charles Pasqua. En effet, en espagnol, l’île se dit isla de Pascua. CQFD
Bisous !
Superbe, ça fait envie ! 😉
Soigne-toi bien Marie et bon voyage en AmSud !
Bises
T & G
C’était franchement mythique !
Marie remarche gentiment mais n’est encore parée pour l’ascension d’un 6000m !
Bises de La Paz !
Oooooooooh naoooooooon petit kiki joli !!!!!!
Prenez bien soin de vous et de vos entailles et gare aux baies vitrées dorénavant !
ps : votre théorie me plait beaucoup.
Pendant un temps, j’ai rejoint le clan des brebaïces (les kikinous amochés) mais ça commence à aller mieux !
Je peux te dire que je fais gaffe aux baies vitrées maintenant…je marche presque les mains en avant !
Plein de gros bisous 🙂
Beaucoup de kilometres parcourus. Amérique du sud ce doit être aussi pas mal . j’espère que la blessure au pied de Marie qu’ un vieux souvenir. Profitez à fond .bises
Salut Stéphanie
C’est sûr qu’on en a mangé des kilomètres…et c’est pas fini ! Mais quel bonheur. C’est chaque jour des surprises. On n’a pas vraiment hâte de rentrer.
Pour ma blessure, ça va mieux. Je me fais enlever les points de suture d’ici 3 jours, ce sera plus confortable après.
Je t’embrasse
A bientôt