Dix jours avant notre départ, l’inquiétude se fait sentir car le volcan Ruang, distant de 70 km de l’île de Bunaken, vient de se réveiller. Des milliers d’habitants de l’île voisine ont été évacués. Un risque de tsunami existe. L’aéroport est alors fermé pour quelques jours. Tout concorde pour avoir envie de s’y approcher.
Mais celui-ci semble se calmer, l’aéroport a rouvert. Aucune autre nouvelle désastreuse ne vient finalement troubler notre programme. Comme prévu, nous embarquons donc pour Manado. Mauvais calcul. Quand les éléments montrent des signes d’activité, on sait maintenant qu’il faut savoir les écouter.
La nuit de notre arrivée, confortablement endormis dans notre Bungalow près de la plage, une nouvelle éruption majeure se produit. Les locaux n’ont jamais vu ça, il fait presque nuit ce matin-là. Dès les premières heures, le souffle du volcan a obstrué la lumière du soleil sur plus de 200km.
Lors de notre premier bain, il pleut des cendres. Dans un océan trouble, on s’essaie à une plongée de très courte durée. Une expérience de quelques minutes, désorientés, dans une visibilité quasi nulle à 16 mètres de profondeur, on se voit repartir un masque sur le visage.
Au retour, les dalles de pierre qui mènent au bungalow, les palmiers, les feuilles des arbres sont recouverts de cendre. La pluie a nettoyé le ciel et envoyé ses résidus sur Terre.
On prend la décision judicieuse de quitter l’île et la zone de Manado. Il faut parfois suivre les éléments et retrouver le rat en nous qui quitte le navire avant qu’il ne sombre. Pas de treks dans la jungle du parc de Tangkoko, pas de muck dive à Lembeh, Manado est recouverte de cendres, l’eau près du rivage est devenue marron et les cendres nous piquent les yeux. On improvise donc. On va bouger plus loin, plus rapidement que prévu.
On recontacte Mucin, le chauffeur freelance rencontré à l’aéroport, qui nous propose ses services sur plusieurs jours.
Affrètement de bateau à Bunaken, découverte de quelques spécialités dont le Luku, fruit sucrée au goût de bonbon, le chausson au porc et les sagat pagus (très bons) poissons grillés dégustés sous un préau couvert de dizaines de gecko.
Une longue journée de transport qui se clôture par un court sommeil dans une chambre deluxe assez immonde à Kotamobagu.
Ah l’Indonésie, quelle aventure humaine.. et naturelle.