L’idée non préméditée de ce vol direct vers le Japon est de ne pas dormir, de passer le plus clair de notre temps à refaire le monde depuis le ciel, enivrés par le meilleur du vin Air France. Arrivés sur place, avec l’effet d’une soirée bien arrosée se terminant au petit matin, nous engageons la mission de rejoindre le centre-ville de Tokyo depuis l’aéroport de Narita.
Vendredi matin, décalqués, perdus dans la calligraphie japonaise omniprésente, une sieste s’impose avant de rejoindre le quartier de la nuit à Shinjuku. Au sein du Golden Gai et de ses ruelles étroites aux micro-bars resserrés, nous poussons la porte d’une maison tenue par un vieux barman adeptes des vodka russes sirotées sur fonds de jazz, un genre musical que nous retrouverons dans nombre de lieux au Japon.
L’apéro étant pris, le premier excellent repas, très logiquement coréen, à base de bœuf et de porc marinés à cuire sur une plaque de métal, nous requinque dignement.
De là, tout bascule. Notre soirée de »champions » se gâte quand nous rencontrons KFC (enfin c’est ce que nous avons compris du nom de ce sympathique japonais) Steve, Christelle et Jägermeister, terrible jus de chaussettes allemand, dont la combinaison des quatre nous font littéralement vriller, ouvrant ainsi la voie à notre catastrophique talent de chanteur de Karaoké. De retour à l’aube, titubant vers notre hôtel de Nagatacho, une photo prise inconsciemment en dit long sur notre état d’ébriété avancé.
Samedi. Réveil à 18h avec une profonde gueule de bois. Toujours sous l’effet de l’alcool, notre soirée de haut vol se résume à une marche pseudo-génératrice jusqu’au carrefour de Shibuya. Mais beaucoup trop de lumières et beaucoup trop éclatés, nous retournons prématurément à l’hôtel essayer de nous recaler.
Dimanche. Enfin la première journée vraiment constructive. Une marche globale de près de vingt kilomètres nous offre un aperçu plus sérieux de la plus grande mégalopole au monde.
Dans le temple aux sushis qu’est le marché aux poissons de Tsukiji, le thon rouge décliné en trois types de gras vient confirmer le vieil adage : le gras, c’est la vie. Seul bémol, un petit retour de bâton, dans le restaurant attablé face aux chefs, me renvoie à mes années de bonheur social. Qu’importe, il s’agit d’un petit moment de fatigue sans importance.
Enchaînant ensuite par une ballade digestive au sein du parc Hama-rikyu Onshi-teien et une pause détente dans un pavillon de thé, nous prenons, peu à peu, le pouls du voyage.
À défaut d’utiliser le bateau, nous remontons vers le nord par le métro et prenons de l’altitude à la Sky Tree, prenant ainsi conscience du caractère gigantesque de cette mégalopole surpeuplée de 37 millions d’habitants. Probablement pour compenser quelque attribut, les japonais nous rappellent qu’ils possèdent alors la plus grande tour de radiodiffusion au monde.
Resdecendant vers la tour Asahi conçue par l’architecte Starck et vers l’étron d’or qui la jouxte, nous flanons au milieu du temple Senso-ji où les adeptes viennent prier et y chercher bonne fortune.
Un dernier restaurant classe de tempura variés et nous voilà enfin remis de notre première soirée destructrice et désormais bien lancés dans notre trip japonais.
Demain nous attend le Mont Fuji. Ou presque..