Une météo catastrophique et des pluies torrentielles intempestives nous contraignent à prolonger au delà du lac Powell qui devait être notre prochaine étape. Le ciel s’en mêle et ne permet pas de profiter des lieux, encore moins de poser la tente et de passer la nuit sous ce déluge.
Nous continuons donc sur notre lancée et arrivons dans le pays Navajos, la plus grande réserve indienne du pays, à cheval sur les trois états que sont l’Utah, l’Arizona et le Nouveau-Mexique. Le soleil ne pointe pas encore le bout de son nez mais c’est en tout cas loin des orages de dingue que nous découvrons le paysage de western bien connu de Monument Valley.
La piste permettant de découvrir ces pitons rocheux est facilement praticable avec un bon 4*4. Un peu moins avec une formidable Hyundai Elantra. On constate qu’une poignée de voitures basses tentent le coup alors nous, pas cons, on suit le mouvement. Heureusement qu’aucun orage ne fait des siennes pendant cette traversée car c’est l’enlisement assuré. La descente et la remontée sur la piste défoncée et cahoteuse sont quand même limites mais ça passe.
Le temps n’encourage pas à revenir au lac Powell alors on improvise une autre destination dans le pays Navajos. On s’enfonce un peu plus à l’est de l’Arizona pour rejoindre le canyon de Chelly où nous découvrons les vestiges étonnants de ce peuple indien datant du 12ème siècle et intégrées aux falaises abruptes du canyon.
La fine rivière qui serpente au milieu d’un plateau de plantations verdoyantes, lui-même entouré de grandes falaises verticales, donne à certains moments une impression de canyon presque parfait. De façon difficilement compréhensible, certaines habitations anciennes reposent dans des failles à des hauteurs inatteignables.
Dans notre recherche d’un endroit pour la nuit, après avoir poliment refuser de dormir dans un romantique hogan, une habitation qui s’apparente clairement à une espèce de termitière, on choisit finalement de dormir dans un camping alors que l’orage se fait entendre. Une nuit qui fait office de test d’imperméabilité concluant pour notre nouvelle tente. Le lendemain, l’utilisation de la voiture comme sèche-cheveux géant nous permet de la garder intacte et de lui refaire une beauté.
Sur le chemin du retour, on repasse une dernière fois par Monument Valley et le soleil couchant alterne avec un rideau de pluie laissant les formations dans l’ombre, permettant ainsi de voir les lieux sous un jour différent. A noter également que le temps maussade nous aura fait redécouvrir les joies du bon vieux tarot à l’ancienne, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Il ne faut pas être l’inspecteur Navarro pour comprendre que les bourgs et les lotissements Navajos sont d’une mocheté sans égale. C’est la petite pensée burlesque qui nous habite lorsque nous rebroussons chemin vers la ville de Page, porte d’entrée vers le gigantesque et artificiel lac Powell.