En ce jour du 1er décembre 2013, nous embarquons pour le continent sauvage et glacial de l’Antarctique.
Contrairement à l’Arctique qui est un océan de glace entouré de continents, l’Antarctique est bien un continent entouré d’océans. Grand comme deux fois l’Australie, il n’appartient à personne ou plutôt à l’humanité qui a réussi à le protéger, à l’épargner, pour le moment, de l’exploitation et à le garder comme une terre pacifique utilisée uniquement comme base d’études scientifiques.
A bord du vaisseau baptisé Sea Explorer, nous décollons du port d’Ushuaia en début de soirée, remontons le canal de Beagle, cimetière de bateaux portant le nom du navire de Charles Darwin, et commençons notre traversée de l’océan sur le passage de Drake.
Deux jours vont être nécessaires pour atteindre les premières terres. À bord, nous sommes les passagers les plus jeunes mais également les seuls français. On pense qu’il aurait mieux fallu réussir d’abord dans les affaires du côté outre-Atlantique ou de la Chine pour se permettre ce genre de croisière. Des brushings dignes des plus belles saisons de Santa Barbara se laissent admirer mais, fort heureusement, ils ne sont pas monnaie courante.
Comment d’ailleurs justifier le prix pratiqué pour ce trip ? Le tarif, qui ne sera pas communiqué ici (classé sacrée défonce…de portefeuille) s’explique assez simplement : Une croisière en pension complète. Un bateau première classe de 90 mètres. 72 membres d’équipage de multiples nationalités pour 114 passagers. Un ratio incroyable pour une gestion au laser. Et une chambre-petit salon en bois verni refaite deux fois par jour.
De la cuisine de très bonne qualité. Des serveurs au petit soin. Avec un nœud-papillon de rigueur pour nous amener le menu du soir concocté par le chef indonésien. Un véritable gavage d’oie en bonne et due forme avant les fêtes de Noël chiliennes. Il paraît que le mal de mer est dix fois pire vécu le ventre vide. De ce côté là, la probabilité de se sentir mal tend alors vers zéro. Trois repas gargantuesques par jour, des doubles desserts, doubles plats, en veux-tu en voilà. C’est absolument royal. Le temps est venu de rattraper les kilos perdus.
Sans oublier l’accompagnement par des experts en biologie et les sorties quotidiennes sur la péninsule qui vont s’avérer fantastiques. On s’est permis un gros craquage pour Noël. En même temps, ça tombe bien, on va pouvoir rendre visite à ce vieux barbu ramoneur à col rouge, et conducteur émérite de rennes, dans sa résidence d’été du pôle Sud.
Le deuxième jour, nous passons la convergence Antarctique définie comme le point de rencontre entre les courants chauds tropicaux et les courants froids du continent. C’est cette rencontre qui favorise la formation du plancton et qui amène son lot de mammifères marins à emprunter ces eaux glaciales lors des migrations annuelles. A partir de là, nous pénétrons sur l’océan Antarctique.
Bien que très loin des terres, de nombreux oiseaux, parmi lesquels l’albatros (le plus large oiseau au monde qui ne pourrait exister sans les grands vents) et le pétrel nous suivent lors de cette traversée vers le Sud.
Celle-ci se déroule paisiblement jusqu’à notre arrivée en vue des îles Shetland du Sud le soir du troisième jour. Le temps est venu de mettre pied à terre sur l’île de Deception Island.
On se chausse de bottes spéciales. Les premiers zodiacs sont mis à l’eau. L’arrimage s’effectue au milieu d’une caldeira anciennement utilisée comme base de baleiniers au début du siècle puis comme base militaire pendant la seconde guerre mondiale et enfin comme station météorologique avant d’être finalement laissée à l’abandon suite à deux éruptions successives.
Si l’île est un ancien volcan, la température de l’eau reste glaciale mais certains sont quand même assez tarés pour tenter la baignade dans une eau à trois degrés.
Une première étape conclue sur cette île qui aurait pu bien porter son nom. L’endroit est intéressant mais pas franchement extraordinaire. Des doutes s’immiscent à ce moment-là mais seront vite dissipés par les journées qui vont suivre.
Au quatrième jour, nous restons sur les îles Shetland du Sud et arrivons sur le corridor froid et venteux du Yankee Harbour. La température extérieure n’est pas si froide mais le vent est particulièrement glacial. C’est le jour de la rencontre avec les premiers manchots. Le spectacle est incroyable.
Des colonies impressionnantes de manchots papou (Gentoo Penguin) forment leurs nids sur de la terre épargnée par la neige et partent de temps à autre dans l’océan glacé chercher du calamar et de la crevette. Ils ne semblent pas vraiment surpris de notre présence, nous ignorent mais attendent que nous soyons à bonne distance pour se frayer péniblement un chemin sur la neige. Ce manchot Adélie aura tout de même un petit regard pour nous avant de continuer sa marche erratique.
On rentre frigorifiés sur le bateau avant de repartir de plus belle pour rendre visite à nos amis les phoques sur la Half Moon Island. Déjà plus étonnés qu’une bande de primates multicolores viennent les déranger dans leur sieste continue, ils nous toisent les photographiant mais sont bien trop patauds pour tenter le moindre mouvement de repli vers un coin plus tranquille.
En repartant des îles Shetland, un appel nous annonce la présence de baleines à proximité. On sort alors en trombe admirer le spectacle de baleines à bosse (Humpback whale) passant sur le côté du bateau. L’eau sombre mais suffisamment translucide nous permet de les apercevoir entièrement et de les capter pendant quelques instants.
La saison des baleines vient tout juste de débuter et atteindra son pic en avril. Marie, déjà aux anges grâce à cette rencontre, va totalement halluciner le lendemain lors de notre expédition en zodiac et de cette cinquième journée qui va s’avérer être la plus belle et la plus magique de toute la croisière.
En compagnie du sympathique guide biologiste Miko, on embarque ce matin-là pour une sortie en mer ensoleillée au milieu des icebergs bleus fluorescents de la baie proche d’Enterprise Island.
Alors que nous nous dirigeons vers une vieille épave datant de 1915, le Sea Explorer nous invite à faire demi-tour. Une baleine de Minke a été aperçue dans le coin. Nous revenons vers le bateau et patientons. Sans prévenir, la baleine ressort alors à deux mètres du zodiac, passe et repasse en-dessous de nous avant de disparaître définitivement dans le grand bleu. Voilà une journée qui commence plutôt bien.
Qui se poursuit avec un bain de soleil, quelques burgers engloutis sur le solarium du bateau et la vision de créatures semblant perdues au milieu d’une mer d’huile extraordinaire.
L’après-midi, nous foulons enfin le sol de la péninsule Antarctique. Un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour un manchot, spécialement quand celui-ci, accompagné de son escadron de potes, effectue un chemin pas possible pour aller se nourrir et finalement perdre toutes ses calories lors d’une remontée interminable.
Là-haut, sur la colline, le point de vue donne la dimension de ce que nous sommes venus chercher. Cependant, bien plus grand et plus impressionnant que ce que nous avions imaginé, ce bout de bout du monde impose sa beauté froide et se montre dans toute sa splendeur.
Pour couronner le tout et compléter sa liste au père Noël, Marie aura la chance de voir un groupe d’orques défiler ce même jour sur cette platitude bleu marine et la chance de surprendre l’un d’entre eux faire une apparition furtive en dehors de l’eau.
Revenons maintenant rapidement à cette histoire de manchots. Comment expliquer qu’une espèce soit aussi mal dotée ou se soit aussi mal adaptée, notamment à son environnement terrestre. Dans l’eau, ce sont comme des oiseaux dans l’air. Mais sur terre, c’est avec la coordination d’un enfant apprenant seulement à marcher ou avec la dextérité d’un Samos ondulant son corps sur le dance-floor, qu’ils tentent comme ils peuvent de faire leur route sur ces étendues blanches.
Sans parler du fait qu’ils tapissent la neige de jets de fiantes crémeuses irréels, parfois jaunes, tantôt rouges mais toujours avec le soin de s’en mettre plein la fourrure. Il est loin le mignon petit manchot immaculé.
Ces petites créatures semblent parfois bien fragiles au milieu de cet environnement hostile. Un environnement si hostile qu’aucun homme n’y a d’ailleurs jamais élu domicile. À moins d’être scientifique, marin perdu ou tête brûlée, l’initiative semble compliquée. Et aussi puissant qu’il puisse paraître, l’Antarctique, fondamental à l’équilibre de la planète, pourrait lui aussi voir son équilibre perturbé par le réchauffement global. Quelques degrés de plus et ce pourrait être la chute…
Les choses empirent déjà terriblement. L’Antarctique qui contient 90% de l’eau douce mondiale a vu sa température moyenne augmenter cinq fois plus vite que le reste du monde en l’espace de 50 ans. A supposer que les glaces du continent fondent entièrement, le niveau des mers s’élèverait de 60 mètres et la grande majorité de l’humanité boirait alors la tasse. Des chiffres assez flippants. Les générations futures verront bien comment ça se passe. En attendant, continuons ensemble, main dans la main, l’apprentissage du tri sélectif.
Une nouvelle génération de manchots ne devrait d’ailleurs pas trop tarder à voir le jour. Nous sommes dans la période de couvaison des œufs. D’ici quelques jours, les jeunes prendront le relais et feront partie du tableau. La très grande majorité des nouveaux-nés survivra. Seule une poignée sortira prématurément de sa coquille et se perdra entre les griffes de prédateurs comme l’albatros. Mais qui vivra, ou pas, verra…
… Et verra, ou pas, ce phénomène spécifique aux pôles qui se produit sous nos yeux lors de ce sixième jour. En cette fin de journée, un halo de lumière, comme un arc-en-ciel parfaitement circulaire, vient entourer un soleil descendant timidement dans le ciel.
Au septième jour, Dieu se reposa mais nous laissa le soin d’arriver à l’endroit le plus méridional de notre voyage. Nous arrivons dans la base argentine de Brown géolocalisée très précisément au point de latitude 64 53′ Sud et de longitude 62 53′ Ouest (précisons que le continent Antarctique n’est pas du tout à l’échelle sur cette carte).
Nous ne dépasserons pas le cercle Antarctique commençant plus au sud de la péninsule, là où les journées ne se terminent jamais en été et ne commencent jamais en hiver. Sur une mer d’huile et d’encre, on profite d’une dernière sortie en zodiac face à une impressionnante forteresse de glace.
Nous commençons maintenant un lent retour vers le Nord. La dernière étape de la croisière a lieu au bout de la péninsule, à l’endroit où commence la mer de Weddell. Ici, la glace est suffisamment dense pour nous empêcher d’effectuer une dernière activité. Mais on se console amplement en voyant passer les gigantesques icebergs sans faire la connerie de faire comme le Titanic.
Après dix jours passés avec les mêmes fringues, garde-robe minimale oblige, on commence gentiment à renifler l’odeur exécrable de ces mignonnes petites créatures de l’Antarctique. On aura cependant pris goût à cette croisière de luxe. Heureux d’avoir oser l’investissement. Un dernier dîner en compagnie de Béatrice et de Martina, deux sœurs suisses habituées à l’Arctique et aux séjours dans le grand froid canadien et nous refaisons désormais route vers Ushuaia. Arrivés sur le canal de Beagle, un comité d’accueil de dauphins nous réserve une démonstration de sauts à proximité de la coque.
Nous arrivons au port. L’aventure polaire s’achève. C’était l’occasion d’une vie. On cherche une idée pour voyager encore plus loin mais la lune n’est pas encore desservie par les vols commerciaux. Nous revenons sur Terre et commençons la remontée vers des températures plus clémentes. Le temps qui nous reste à voyager sera chilien.
Waouh ! Mais quelle tuerie internationale ! Ca envoie pas mal dis-donc !
Bises à vous deux.
G
Oh Yes !
Si vous avez l’occaz d’y aller une fois dans votre vie, tentez le coup !
Ca allège le portefeuille par contre !
On a dévoré cet article tant attendu sur l’Antarctique. On a qu’une vie, vous avez bien fait!
Bon on a aussi qu’un compte en banque, donc il nous faut le renflouer et on suivra vos pas!
Merci de nous avoir fait rêver alors que nous sommes déjà en train de voir des choses magnifiques!
Bises
Chloé et Murvin Auboodhoomonde
Salouté !!
On a un peu craqué le compte en banque, c’est clair mais c’était tellement fou !
Vous en êtes où dans votre voyage ? Bientôt á l’île Maurice ?
Biz !
Bonjour les jeunes
Un seul mot: Grandiose !
Plein de bises à vous deux
Al et Mum Nicole
Yes la Mum !!
C’était magique ! On rentre dans peu de temps, on parlera de ce continent oublié !
On t’embrasse fort !
WOW !
Article bâclé comme d’habitude. Une perte de temps pour le lecteur.
Les photos proviennent de la base de données de national géographics.
Le mensonge est atteint sont apogée quand on parle de mes lacunes de danseur.
Bisous
Article entièrement basé sur des faits réels. Le manchot à jugulaire peut être défini comme un lointain cousin de ta propre personne, exception faite du nombre de poils capillaires observés.
Prochaine remarque déplacée et la censure commencera à prendre effet.
Comme les manchots de ton espèce, je te chie dessus…
Tu remplaces les baleines par des gardons, les manchots par des corbeaux, les phoques par des pêcheurs bourrés, t’es au marais de Wingles un 10 février. C’était bien la peine de péter un LDD (surtout avec son taux d’intérêt incroyablement attractif). Pareil pour l’Amérique du Sud, tu remplaces le machu pichu par un terril, t’es à Hulluch.
Partir si loin alors que le bonheur se trouve dans le bassin minier du Nord de la France, entre un bureau du FN et une CAF bondée…
😉
Grosses bises, on pense à vous !
Le rêve absolu !!!
Ma tante choufi tenterait bien cette aventure …
Je pars au vieux campeur m’equiper ,je vide mon compte en banque …et voilà ;))
Vous m’epatez par vos textes ,vos photos et par ce magique projet .
On va en avoir des choses à se raconter .
Des bisous
Bon, ben nous on a plus qu’à rentrer en France, commencer à travailler pour de bon, et repartir faire cette croisière! Vos photos font rêver, c’est magnifique!