Le Kawah Ijen à couper le souffle

Dans tout voyage, il faut des périodes de loose. Enfin, c’est ce qu’on se dit maintenant car c’est pas vraiment le genre de période que l’on prévoit dans le programme. Ce coup-ci, mon dos en carton a repris le dessus me laissant cloué au lit pendant cinq jours. Marie m’appelle maintenant Momo comme le chat empaillé de Bernie qui ne sert pas à grand-chose.

Ces jours que nous devions passer à plonger à Pulau Menjangan, dans le nord-ouest de Bali, n’auront pas été pleinement vécus. Marie aura tout de même pu profiter d’une belle journée de plongée, sans être à la hauteur de celles vécues à l’île de Weh et à Komodo. Même le farniente sur la plage lui aura fait défaut, le temps étant plutôt maussade pour cette période de l’année. Livres, films et séries auront donc été d’un grand secours. Sans compter la trouvaille du meilleur restaurant du voyage qui nous réconcilie mais surtout qui sublime la bouffe indonésienne.

Il arrive cependant un moment où rester enfermés comme des crottes procure une certaine frustration. On décide donc de partir pour l’île de Java, notre dernière étape en Indonésie. Les échos entendus ici et là concernant les possibilités de se faire « Gangnam » ne tardent pas à faire leur apparition. Le premier chauffeur de bemo (minivan) nous propose un prix exorbitant pour rejoindre une station de bus à 3 km et se montre bien agressif et méprisant quand on lui demande le prix local.

Mais qu’est-ce-que se faire « Gangnam » me direz-vous ? Le petit Robert écrit à ce sujet : « attitude corporelle consistant à imiter l’abjecte danse de Gangnam Style lors d’une arnaque vécue / Synonyme : Se faire Arnaquer, Enfiler ».

Après avoir réussi à débloquer quelques vertèbres contre le poteau d’un arrêt de bus, on se dirige à fond de première dans un bemo qui ne connaît pas encore l’intérêt de la deuxième vitesse. Bercés par le moteur qui hurle tel le nourrisson qui pleure, on arrive finalement à destination du plateau d’Ijen.

Le plateau d'Ijen

A 2h du matin, on effectue la montée vers le lac de cratère du volcan Kawah Ijen en compagnie des titanesques porteurs de soufre qui accomplissent le dernier travail d’Hercule. Un atroce boulot d’esclave. Pour sa force et sa longévité, le plus vieux d’entre eux serait même surnommé le Centaure. Chaque nuit, ces hommes descendent, avec un chiffon comme simple protection, dans le cratère saturé de gaz sulfurisé récupérant à proximité de la cheminée du volcan des dizaines de kilos de soufre qu’ils remontent sur leurs épaules boursouflées par la charge.

En compagnie d'un porteur de soufre

Le Lonely Planet leur prête une santé de fer. On en doute quand même, certains toussent et crachent salement, on est loin des conditions de travail dîtes harassantes des conducteurs de train francilien. A propos de pénibilité du travail, ils auraient certainement quelques remarques à faire mais pas sûr que François Chérèque leur soit d’une grande aide sur ce coup-là.

Enfin bref, en arrivant là-haut, on s’attendait aux vielles odeurs de pet et d’œuf pourri. Au final, des bonnes odeurs de pétard (servant accessoirement à éclater de l’escargot et plus généralement à fêter le 14 juillet / dédicace au Couz’ le futur marié !) se transformèrent rapidement en de fortes émanations toxiques.

Au coeur du volcan avec les ramasseurs de soufre

En fait, on a même eu le droit à un sérieux coup de flippe. En descendant dans le cratère, on perçoit au loin comme le bruit d’une cascade se muant en intense souffle de chalumeau à mesure que nous nous approchons. Nous arrivons au niveau de la cheminée du volcan et de ce qu’ils appellent communément les « blue fire », ce qu’on suppose être des émanations de gaz s’enflammant au contact de l’oxygène et qui prennent une incroyable couleur bleutée.

Les "Blue Fire"

Alors que nous tentons de prendre quelques clichés, le vent se met soudainement à tourner nous plongeant à ce moment dans une épaisse fumée toxique. On comprend vite qu’il ne faut pas traîner. Avec cette saloperie de gaz qui brûle la gorge et les yeux, on se sent rapidement en danger. Impossible de distinguer quoi que ce soit à plus de deux mètres et de respirer ces vapeurs bien longtemps. On retrouvera péniblement mais heureusement notre chemin. On a eu chaud quoi…

On reprend ensuite tranquillement notre souffle en attendant le lever du soleil. La lumière se fait alors sur l’immense lac de cratère turquoise et ce fameux filon de soufre…

Un porteur de soufre remontant sa charge

C’était donc vrai, le Kawah Ijen est bien en pleine activité et c’est plutôt dangereux d’y descendre. Il nous manquait juste le masque de protection qui va bien.

Le Kawah Ijen

On s’en souviendra de ce volcan…

2 Commentaires

  1. Fumant cette article, vous jouez les Krafft?!
    Bisous les coquinous!

    1. Yo !
      T’inquietes on est à donf et alive !
      Bisous ma jeune chienne !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.