Trois vols et 24 heures plus tard qui nous auront vu passer par Miami, la capitale du Vice, et Quito, la capitale de l’Equateur, nous voici arrivés à l’un des points culminants de notre voyage : l’archipel des Galápagos.
Après Sydney, nous aurons connu une nouvelle nuit des plus reposantes sur les sièges métalliques du hall de l’aéroport de Quito et une petite frayeur en courant comme des dératés pour le dernier appel du vol en partance de Miami. Ces quelques péripéties passées, nous pouvons enfin souffler et profiter, comme il se doit, de cet endroit hors du temps.
Nous n’avons rien organisé à l’avance. Nous sommes en basse saison et comptons sur les tarifs de dernière minute pour se dégoter une belle croisière et effectuer également quelques plongées supposées mythiques. A notre atterrissage, nous consacrons donc la première après-midi à arpenter Puerto Ayora, la plus grande ville de l’archipel, et à faire la tournée des agences. Le rendez-vous est pris pour deux jours de plongées et six jours de croisière.
La plupart des espèces des Galápagos sont endémiques et n’existent donc nulle par ailleurs. Le premier contact avec cette faune incroyable se fait dans la baie des tortues (qui a la particularité de ne pas abriter de tortues) avec les premiers crabes et les premiers iguanes marins du coin.
Nous visitons le centre de réhabilitation des tortues géantes et des iguanes terrestres qui a pour but de repeupler ces espèces qui n’ont pas été à l’abri de l’onde de choc de la nature humaine.
Pour la petite histoire, l’archipel a été découvert au 16ème siècle et a vu passer, au fil des décennies qui ont suivies, toute une série de voyageurs, marins, baleiniers et pirates qui ont laissé sur leur passage des prédateurs potentiels (chèvres, chiens, cochons, rats…) qui ont alors remis en cause la survie de plusieurs espèces jusqu’ici totalement à l’abri du moindre prédateur et donc sans le moindre instinct de fuite.
Des milliers d’otaries furent massacrées pour leur fourrure et des milliers de tortues terrestres entassées à fond de cale afin de permettre la subsistance des marins en mer qui avaient ainsi de la viande et de l’eau fraîche à disposition. En effet, les tortues peuvent survivre plusieurs jours sans manger ni boire grâce notamment à une poche organique qui assure le stockage de l’eau douce.
Le plus célèbre de ses visiteurs, Charles Darwin, trouva aux Galápagos une partie de son inspiration pour sa théorie révolutionnaire sur l’évolution des espèces. Une partie seulement car il n’y resta qu’un mois à l’âge de 26 ans et s’autorisa quelques apéros à base de chair de tortue qui ont du lui permettre de conclure que la chair de bœuf était finalement bien meilleure. Il aura laissé son nom au pinson de Darwin, une sympathique petite boule de poils volante.
Les temps ont cependant changé. Notre séjour ici va nous permettre de goûter seulement au plaisir de côtoyer de plus près ces animaux sauvages. Notre journée à Puerto Ayora nous amène d’ailleurs face à une situation plutôt atypique dans un marché aux poissons. Une ribambelle de pélicans attendent désespérément, en tremblotant d’envie, que le pêcheur daigne leur envoyer une ou deux têtes de poisson pendant qu’un lion de mer, plus favorisé, a le droit à quelques morceaux tout en profitant de la fraîcheur de l’eau du tuyau d’arrosage.
Après cet avant-goût de la faune terrestre et marine, on se dirige maintenant pour une session tant attendue de plongées sur le site renommé de Gordon Rocks. Nous sommes en saison fraîche et sèche, l’idéal pour apercevoir du gros poisson. Notre enthousiasme est cependant vite refroidi par la température de l’eau. Et ce n’est pas la combinaison de 7mm qui nous empêche de se les cailler sévère. De plus, la visibilité est mauvaise mais la chance veut que le bizarroïde poisson-lune (ou Mola-Mola) passe déambuler devant nos masques.
Ajoutons à cela un banc d’une sorte de raies manta, des raies solitaires énormes, un foisonnement de barracudas, un banc de requins-marteau entr’aperçus dans le brouillard de l’eau et on constate alors le potentiel énorme des lieux. Sans parler de cette rencontre incroyable avec une otarie venue mordiller les palmes de la palanquée et danser librement devant nous.
Nous ne reproduirons malheureusement pas l’expérience, le froid gâchant une bonne partie du plaisir. Peu importe, cela nous permet de partir un jour plus tôt pour la croisière. Un trip en bateau qui nous est d’ailleurs bien difficile de payer. Les retraits sont limités, une des cartes a été bloquée, le paiement par carte est facturé à hauteur de 15% de charges et le transfert entre banques ne peut pas se faire. Dernière solution : le transfert d’argent par Western Union. Un grand merci à mes parents pour le coup de main !
On part donc pour une croisière d’une semaine en 1ère classe. C’est royal. Tout est préparé, la bouffe au buffet est bonne, équilibrée et variée (après les States, c’est tout bon). La cabine, tout de bois vêtue, est stylée avec salle de bain et eau chaude. On ne se soucie de rien, on profite.
Une croisière qui se veut internationale avec deux suisses, un hollandais, deux australiens, deux autrichiens, quatre espagnols et deux allemands.
Avec nous, une guide naturaliste pro et passionnée qui nous enseigne l’histoire de l’île et la façon de vivre des animaux. On embarque pour un grand tour à la découverte de sites isolés et sauvages qui vont s’avérer magiques.
Chaque jour, on alterne entre ballade à pied et session de snorkelling, entre faune terrestre et faune marine qui, la plupart du temps, appartiennent aux deux mondes. Parmi eux, le rare manchot des Galápagos, une torpille des mers qui se fait désirer et que nous tentons en vain de suivre comme des dingues les palmes aux pieds.
Certaines espèces se sont adaptées, laissant derrière elles leur faculté de voler pour se concentrer sur la chasse sous-marine. Il s’agit du cormoran aptère qui a pourtant gardé le vieux réflexe de faire sécher ses ailes au soleil, aujourd’hui totalement atrophiées.
Une des espèces commune à l’archipel est le fou à pieds bleus qui porte bien son nom étant donné sa technique de malade pour aller pêcher.
Sa chasse est un spectacle impressionnant. Il évolue en bande, à l’affût des bancs de poissons, et tel un kamikaze sur Pearl Harbor, plonge à pic dans la mer, repliant ses ailes au dernier moment avant de transpercer l’eau de son bec affûté.
Nous voguons vers l’île d’Isabela, la plus grande de l’archipel, et contournons sa forme caractéristique en hippocampe.
Ici, toutes les îles sont volcaniques. Plus récentes à l’Ouest, elles dérivent lentement vers le continent et disparaîtront un jour sous la cordillère des Andes. Mais d’ici là, on a le temps. Le temps de se balader sur des étendues désolées et déstructurées de lave refroidie parsemées de plantes, de cactus et de quelques points d’eau.
En débarquant le long des côtes, une vieille odeur de charogne flotte parfois dans l’air mais on comprend vite qu’il n’y a pas de carcasse en décomposition. Il s’agit en fait du parfum voluptueux des lions de mer, installés confortablement sur le sable ou sur les roches fouettées par la houle, vivants harmonieusement avec les autres créatures du coin.
Sur Fernandina, la plus à l’Ouest, la plus jeune et la plus active des îles, les iguanes marins, uniques au monde, restent affalés sur les roches noires volcaniques bordant le Pacifique, rechargeant leur batterie au soleil avant de repartir affronter la fraîcheur océanique pour un nouvel en-cas sur le tapis d’algues rases qui leur sert de pré sous-marin.
Ces iguanes d’une autre ère sont bien camouflés. Il arrive de ne les percevoir qu’au dernier moment, avant le splash fatal qui rendrait la naturaliste de mauvaise humeur.
Lors des avancées en mer, il arrive, de temps à autre, qu’un escadron de frégates se mette à suivre le bateau, larguant au passage quelques jets de fiantes crémeuses sur le solarium que la providence nous permet d’éviter de justesse.
Il existe une variété importante d’oiseaux, parmi lesquels des buses se nourrissant de petits lézards des laves, ces derniers survivant parfois en trouvant la protection des iguanes marins.
Nos parties quotidiennes de snorkelling, bien que fraîches, sont des instants magiques. A certains moments, nous sommes dans une eau calme et limpide. A d’autres, nous sommes ballottés par la houle dans une eau trouble et froide. A chaque fois, une nouvelle rencontre se fait avec des requins à pointe blanche, des cormorans aptères et des lions de mer en pleine chasse, des iguanes marins broutant la moquette verte des algues et des tortues marines volant au ralenti sous la mer.
Notre dernier trip snorkelling du voyage se solde par une extraordinaire rencontre avec des dizaines de tortues de mer en plein déjeuner. Elles ne sont pas farouches. Nous sommes à deux doigts de les toucher. Mais on évite de le faire…
Voilà ce que fut la magie des Galápagos. Un rêve éveillé notamment pour Marie qui attendait ces moments avec impatience. Il y a des destinations qui peuvent nous changer. Marie a murie avec ce voyage et vient de se former une nouvelle carapace. Difficile de la suivre sur ce coup-là…
De retour sur terre, après six jours en mer, nous continuons de tanguer, peut-être en raison de tout ce que nous avons vu. Nous décollons à présent pour l’île la plus isolée qui soit. Un indice : ce jour-là, la tradition est de cacher des œufs en chocolat…
Bonjour les jeunes
Fabuleux! Sûrement l’un des points d’orgue de votre voyage. La métamorphose de Marie est impréssionnante.
Les tortues mangent elles du fromage de chêvre?
Plein de bises
Al et Mum Nicole
L’île des Kinder Chokobons ?
Trop petite dans sa carapace Maribox (bah oui maintenant qu’elle s’est transformée en animouls elle fait partie du clan des mboxs !)
Je commençais à sérieusement m’ennuyer de vos posts, merci !
Gros bisous les kikis